Plaisir du jour infime et majuscule : passer la tondeuse dans cette fin d'après-midi d'été trop pressé.
L'air bruisse d'insectes et vrombit. Le soleil cuit et rougit mes bras et mes cuisses à la blancheur d'endive sortie de cave. Les arbustes m'effleurent sans me griffer alors que je longe les haies, mais les branches basses de l'arbre de Judée décrochent ma casquette et celles du liquidambar s'amusent à démêler mes cheveux. Les senteurs d'herbe frais coupée m'enivrent d'un plaisir rustique et emplissent mon âme d'un quasi mysticisme païen. Joe Cocker dans mes écouteurs rugit plus fort que la tondeuse, il pleure autant que j'ai envie de rire.
Assise sur mon tracteur je suis la reine de mon domaine, bon, allez... de mon jardin... Je ne suis pas Delerm (ni Philippe, ni Vincent) mais j'aime aussi la vie.