Source image : bydianedaniel.wordpress.com
Le proverbe que mon père utilise le plus souvent est : "Le mieux est l'ennemi du bien". Celui que ma grand-mère maternelle préférait était : " À moitié cuit, cela ne sent pas le brûlé."
Le premier signifie que par excès de zèle, à force de fignoler, de rechercher la perfection, on risque de détruire son ouvrage. Le second, qu'en ne recherchant pas la perfection à tout prix, on ne risque pas cette destruction.
Si l'idée générale est la même, je remarque cependant que le premier est une affirmation, alors que le second est une phrase négative. Le premier, celui de mon père, relève du vécu. Combien de fois une couche de peinture supplémentaire a-t-elle provoqué des coulures intempestives, un ponçage excessif a-t-il rayé irrémédiablement la pièce à décaper, un courrier trop policé, trop plein de références a-t-il noyé l'essence du message. Le second, celui de ma grand-mère, indique bien qu'avec elle, il y avait peu de risques que l'excès de perfection ruine l'ouvrage. Championne de l'à peu près, des raccommodages approximatifs, des repas à base de patates et du coup de balai central, juste sous la table et oublieux des recoins.
Deux personnalités opposées, deux figures centrales de mon enfance, deux conceptions de la vie. Et deux proverbes qui disent à la fois la même chose et des choses différentes. Mais au fond, les proverbes, on en trouve toujours un qui dit le contraire de l'autre. Ce ne sont que des grigris, des mantras, des bonnes excuses, des jeux de mots, des hochets pour adultes. Et il faut bien avouer que, sauf pour des choses futiles et sans réelle importance, la combinaison entre la génétique, l'éducation et le hasard a, en ce qui me concerne, fait pencher la balance davantage du côté de mon aïeule que de celui mon géniteur.