On a coutume de dire de deux personnes qui se ressemblent, qu'elles se ressemblent comme deux gouttes d'eau, voire comme deux grains de sable, ce qui a mon sens est absurde, deux gouttes d'eau n'ayant jamais tout à fait le même volume, le même poids, le même pourcentage d'impuretés, le même pH, ni la même tension superficielle, et deux grains de sable, comme deux flocons de neige, jamais tout à fait la même structure cristalline, jamais la même proportion de coquilles animales mêlées à la silice de leur quartz, jamais la même exacte couleur.
Enfin bref, c'est un peu hors sujet, puisque il ne s'agit que de corps chimico-physiques inertes, alors que je voulais parler de ressemblances et de dissemblances entre êtres vivants. Ma question est donc : pourquoi y a-t-il tant de différences visibles à l'oeil nu entre les êtres humains, mais beaucoup moins entre les lions, les fourmis ou les microbes, par exemple ?
Sans doute les lions se reconnaissent-il parfaitement entre eux, genre, ah tiens, y a encore la grosse Lala qui fait les yeux doux au vieux Tinkywinky pendant que Po et Dipsy se chamaillent pour savoir qui s'occupera des gosses pendant le week-end. Mais à part leur dresseur, qui saurait distinguer les deux femelles entre elles. Idem pour les deux mâles si le vieux Tinkywinky n'avait pas un oeil manquant, souvenir d'une ancienne bagarre ?
Quant aux fourmis, mise à part la reine dont le gros abdomen gonflé d'une spermathèque et d'une multitude d'ovules suffit à la reconnaître aisément, qui pourrait distinguer une ouvrière d'une quelconque de ses consoeurs ? Il est à noter qu'on ne parle pas souvent des mecs-fourmis et pour cause : le mec-fourmi ne sert qu'à engrosser une reine une fois pour toutes, il n'a même pas été programmé pour se nourrir, le pauvre. Il copule puis il meurt. Et la reine, elle, va puiser tout au long de sa vie dans la réserve de spermatozozos qu'il lui aura laissée. Mais je m'égare et m'éloigne de mon sujet... On sait tous depuis Bernard Werber que les fourmis communiquent par odeurs, par phéromones, mais quant à savoir si elles-mêmes se différencient les unes des autres, c'est une autre histoire !
À l'autre bout de l'échelle génétique, à l'opposé de l'être humain, la bactérie. Environ un million de bases dans son génome. À peu près six milliards dans celui de l'homme. Dans ces deux extrêmes de la chaîne de l'évolution, on parle toujours de vie, mais l'échelle n'est pas la même. Dans l'oeilleton du microscope, rien ne distingue une bactérie de sa copine ou de son voisin. Rien de rien. Mais alors comment font-elles donc pour rencontrer l'âme-soeur et se reproduire ? Pas besoin, elles ont inventé la parthénogenèse, elles sont asexuées et se reproduisent par division cellulaire. Ingénieux et malin.... mais pas forcément très cool, ça manque un peu d'agrément et de piment, je trouve...
En fait, c'est purement mathématique : plus le nombre de gènes est important, plus les combinaisons possibles sont nombreuses. Pas infinies, puisque l'on part d'un nombre fini d'éléments à réorganiser, mais quand même suffisamment pour donner le tournis, un peu comme le nombre d'étoiles dans une galaxie. Je ne vais pas vous faire un cours de biologie, reportez-vous à vos vieux bouquins d'école ou à l'ami Wiki.
Et pourtant, même si deux humains pris au hasard à la surface du globe sont statistiquement beaucoup plus dissemblables que deux amibes choisies dans la même flaque d'eau, on trouve des humains qui se ressemblent énormément : les sosies. Je ne parle pas du sosie du chanteur ou de l'actrice, dont la ressemblance tient plus du déguisement et de la caricature que d'une réelle ressemblance physique. Et pourtant, pour deux sosies qui ne seraient pas de vrais jumeaux, le patrimoine génétique est totalement, absolument et indiscutablement différent l'un de l'autre, et j'ai plus de point commun en termes de génome avec un papou de Nouvelle Guinée occidentale que mes deux sosies entre eux.
Alors dans ces conditions, on se demande bien ce qui pousse certains hommes à chercher à séduire toujours le même type de femmes (et réciproquement). Ah, des raisons psychologiques ? Ah, l'importance du vécu et l'impact de la petite enfance ? Ah, des causes culturelles ? Peut-être. Sans doute. Sûrement ... On s'en fout. Encore une disgression sociologico-psychologico-machin.... Mais après tout qu'en sais-je ? Peut-être est-il inscrit dans leur code génétique le portrait-robot de la femme de leur vie.
Néanmoins, je me dis que si Dieu ou la création ou le hasard ou qui que ce soit qui serait responsable (mais non coupable, quoique...) de ces agencements d'acides plus ou moins ribonucléiques a pris la peine de nous créer aussi complexes, disparates et hétérogènes, il avait sûrement une raison. Et que le clonage, voire la "cylonisation" n'est sûrement pas une bonne chose.
Mais je n'en suis pas sûre, il me reste encore trois épisodes à regarder.
Source image série télévisée Battlestar Galactica